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pour se perdre ensuite dans le murmure d’un petit ruisseau
qui coulait à ma droite. Le zéphyr doux et chaud, tout en
secondant le développement de la nature, portait aux sens une
étrange impression de volupté. Après quelques heures d’une
délicieuse nonchalance, je me mis à la poursuite d’une
couvée de perdrix que mon chien avait fait lever, et
insensiblement je m’égarai dans la Montagne. Déjà il se
faisait tard, quand je m’aperçus que j’avais perdu ma route.
Le temps s’était enfui rapide, d’énormes nuages, couleur de
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Je requiers pour le roi que Jean Baptiste Goyer dit Bélisle soit déclaré
duement atteint et convaincu d’avoir de dessein prémédité assassiné le dit Jean
Favre, d’un coup de pistolet et de plusieurs coups de couteaux, et d’avoir
pareillement assassiné la dite Marie Anne Bastien, l’épouse du dit Favre, à coups
de bêche et de couteau, et de leur avoir volé l’argent qui était dans leur maison;
pour réparation de quoi il soit condamné avoir les bras, jambes, cuisses et reins
rompus vif sur un échafaud qui, pour cet effet sera dressé en la place du marché
de cette ville, à midi; ensuite sur une roue, la face tournée vers le ciel, pour y finir
ses jours, le dit Jean Baptiste Goyer dit Bélisle préalablement appliqué à la
question ordinaire et extraordinaire; ce fait, son corps mort, porté par l’exécuteur
de la haute justice sur le grand chemin qui est entre la maison où demeurait le dit
accusé et celle qu’occupaient les dits défunts Favre et sa femme, les biens du dit
Jean Baptiste Goyer dit Bélisle acquis et confisqués au roi, ou à qui il
appartiendra sur iceux, ou à ceux non sujets à confiscation préalablement pris la
somme de trois cent livres d’amende, en cas que confiscation n’ait pas lieu au
profit de sa majesté.
Fait à Montréal, le 6e juin, 1752.
(signé,)
Foucher.
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Extraits du réquisitoire du procureur du roi.
bronze, roulaient dans l’espace, et par moments voilaient le
soleil, qui déjà rasait la cime des hauts chênes. Bientôt les
nuages se condensèrent, et formèrent comme un dôme
immense qui s’étendait sur tout l’horizon et menaçait de se
dissoudre et de s’abîmer en pluie. Les oiseaux fuyaient d’un
vol rapide, et cherchaient un abri contre l’orage qui allait
bientôt éclater. Le vent s’était élevé terrible et soufflait
furieux à travers la forêt. Quelques éclairs déchiraient les
nues et serpentaient avec une majestueuse lenteur. Déjà
même on entendait le tonnerre qui ronflait dans le lointain.
Quelques gouttes d’eau tombaient sur les feuilles des arbres;
et moi, j’étais là, seul, isolé au milieu de la Montagne, sans
guide ni sentier pour retrouver mon chemin. Dans l’étrange
perplexité où je me trouvais, je saisissais avec avidité tout ce
qui aurait pu m’être utile, j’écoutais anxieusement le moindre
bruit, mais je n’entendais que le cri de la chouette, qui se
mêlait seul et prolongé aux sifflements du vent. Un instant je
crus entendre le bruit d’une sonnette, dont le son fêlé vibra,
en ce moment, à mes oreilles. Je me précipitai, le coeur serré,
vers l’endroit d’où le son paraissait sortir. En avançant
j’entendis distinctement les pas d’un homme; j’allais être
sauvé, mais je fus frappé d’un bien cruel désappointement,
quand je reconnus que ce n’était que l’écho de mes pas qui
avait causé mon illusion : et le son, ce n’était autre chose
qu’un courant d’air, qui s’introduisant avec impétuosité dans
la fissure d’une branche fendue, imitait de loin le bruit d’une
clochette fêlée.
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II. La tour.
J’errais ainsi ça et là, sans autre abri que les arbres contre
la pluie qui me fouettait le visage. Mes hardes imbibées d’eau
me claquaient sur les jambes. Transi de froid, je me mis dans
le creux d’un chêne dont les craquements horribles servaient
fort peu à me rassurer. À chaque rafale de vent, je croyais le
voir s’écraser sur moi, et ce ne fut qu’après quelque temps
d’une aussi cruelle position, qu’un éclair prolongé me montra
à découvert une espèce de petite tour, à quelques dizaines de
pas et que l’obscurité ne m’avait pas encore permis
d’apercevoir. Je me précipitai dans cette tour qui se trouvait
là, si à propos. Cet asile ne valait pourtant guère mieux que
celui que je venais de quitter. Les châssis brisés laissaient
entrer la pluie de tous côtés. Quelques soliveaux à demi
pourris formaient le plancher. Il me fallait marcher avec
précaution pour ne pas tomber dans la cave qui s’ouvrait
béante sous mes pieds, et qui pouvait bien être le repaire de
quelque reptile venimeux.
Le vent sifflait à travers les fentes de la couverture, avec
furie; l’eau ruisselait, et ce ne fut pas sans une peine infinie
que je parvins à boucher l’ouverture, par où elle se précipitait
dans la tour. Épuisé de fatigue et de faim, je ne pus résister au
sommeil qui s’emparait de mes sens, malgré moi; et je
succombai plutôt à l’excès de mon abattement qu’au désir de
dormir. Mon fusil chargé, et prêt à faire feu sur le premier qui
viendrait abuser de ma situation, je me tapis le long du mur,
mon chien près de moi pour me servir de gardien.
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Il y avait à peine quelques minutes que j’avais fermé
l’oeil, quand je sentis quelque chose de froid me passer sur le
visage et une main me glisser sur le corps:... je frémis, un
frisson mortel me circula par tous les membres, mes cheveux
se dressèrent sur ma tête. J’étais comme asphyxié, je n’avais
ni le courage de me lever, ni la force de saisir mon fusil...
Jamais je n’ai cru aux revenants, mais ce qui me passa par la
tête en ce moment; je ne saurais le dire... Était-ce
quelqu’esprit de l’autre monde, quelque génie de l’enfer qui
serait venu pour m’effrayer? Était-ce une main, une véritable
main d’homme qui m’avait touché? Était-ce un reptile qui
m’avait glissé sur le corps? Toutes ces suppositions étaient [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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