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la mourante la confirmation du recit du prince Negrinski. Le capitaine ispravnik fut arrete, mis en prison; on
XVII. PUNITION DES MECHANTS 73
Le General Dourakine
trouva dans ses papiers l'obligation de deux cent mille roubles; il fut condamne a etre degrade et a passer dix
ans dans les mines de Siberie.
Ainsi finit Mme Papofski; un acte de vengeance fut le dernier signal de son existence.
Ses enfants furent ramenes chez eux, ou les attendait leur pere. Mme Papofski ne fut regrettee de personne; sa
mort fut l'heure de la delivrance pour ses enfants comme pour ses malheureux domestiques et paysans.
XVIII. RECIT DU PRINCE FORCAT
Pendant que ces evenements tragiques se passaient a Gromiline. le general et ses compagnons de route
continuaient gaiement et paisiblement leur voyage. Le prince Romane raconta a Natasha les principaux
evenements de son arrestation, de sa reclusion, de son injuste condamnation, de son horrible voyage de forcat,
de son sejour aux mines, et enfin de son evasion[10].
[Note 10: Les passages les plus interessants du recit qu'on va lire sont pris dans un livre historique plein de
verite et d'interet emouvant: Souvenirs d'un Siberien.]
 J'avais donne un grand diner dans mon chateau de Tchernoigrobe, dit le prince, a l'occasion d'une fete ou
plutot d'un souvenir national...
 Lequel? demanda Natasha.
 La defaite des Russes a Ostrolenka. Dans l'intimite du repas j'appris que plusieurs de mes amis organisaient
un mouvement patriotique pour delivrer la Pologne du joug moscovite. Je blamai leurs projets, que je trouvai
mal concus, trop precipites, et qui ne pouvaient avoir que de facheux resultats. Je refusai de prendre part a leur
complot. Mes amis m'avaient quitte mecontents; fatigue de cette journee, je m'etais couche de bonne heure et
je dormais profondement, lorsqu'une violente secousse m'eveilla. Je n'eus le temps ni de parler, ni d'appeler, ni
de faire un mouvement: en un clin d'oeil je fus baillonne et solidement garrotte. Une foule de gens de police et
de soldats remplissaient ma chambre; une fenetre ouverte indiquait par ou ils etaient entres. On se mit a visiter
tous mes meubles; on arracha meme les etoffes du canape et des fauteuils pour fouiller dans le crin qui les
garnissait; on me jeta a bas de mon lit pour en dechirer les matelas; on ne trouva rien que quelques pieces de
poesies que j'avais faites en l'honneur de ma patrie morcelee, opprimee, ecrasee. Ces feuilles suffirent pour
constater ma culpabilite. Je fus enveloppe dans un manteau de fourrure, le meme qui m'a cause une si vive
emotion a Gytomire.
 Ah! je comprends, dit Natasha; mais comment s'est-il trouve a Gytomire?
 Quand le temps etait devenu chaud, pendant mon long voyage de forcat, ce manteau genait mes
mouvements, deja embarrasses par des fers pesants et trop etroits qu'on m'avait mis aux pieds, et je le vendis a
un juif de Gytomire. On me passa par la fenetre, on me coucha dans une telega (charrette a quatre roues), et
l'on partit d'abord au pas, puis, quand on fut loin du village, au grand galop des trois chevaux atteles a ma
telega.
 Alors on me delivra de mon baillon; je pus demander pour quel motif j'etais traite ainsi et par quel ordre.
 Par l'ordre de Son Excellence le prince general en chef", me repondit un des officiers qui etaient assis sur le
bord de la telega, les jambes pendantes en dehors.
  Mais de quoi m'accuse-t-on? Qui est mon accusateur?
XVIII. RECIT DU PRINCE FORCAT 74
Le General Dourakine
  Vous le saurez quand vous serez en presence de Son Excellence.
  Nous autres, nous ne savons rien et nous ne pouvons rien vous dire.
  C'est incroyable qu'on ose traiter ainsi un militaire, un homme inoffensif.
  Taisez-vous, si vous ne voulez etre baillonne jusqu'a la prison.
 Je ne dis plus rien; nous arrivames a Varsovie a l'entree de la nuit: le gouverneur etait seul, il m'attendait.
 Mon interrogatoire fut absurde; j'en subis plusieurs autres, et j'eus le tort de repondre ironiquement a
certaines questions que m'adressaient mes juges et le gouverneur sur la conspiration qu'on avait decouverte et
qui n'existait que dans leur tete. Ils se facherent; le gouverneur me dit des grossieretes, auxquelles je repondis
vivement, comme je le devais.
  Votre insolence, me dit-il, demontre, monsieur, votre esprit revolutionnaire et la verite de l'accusation
portee contre vous. Sortez, monsieur; demain vous ne serez plus le prince Romane Pajarski, mais le forcat n
deg. * * *. Vous le connaitrez plus tard.
 L'Excellence sonna, me fit emmener.
 Au cachot n deg. 17", dit-il.
 On me traina brutalement dans ce cachot, dont le souvenir me fait dresser les cheveux sur la tete; c'est un
caveau de six pieds de long, six pieds de large, six pieds de haut, sans jour, sans air; un grabat de paille
pourrie, infecte et remplie de vermine composait tout l'ameublement. Je mourais de faim et de soif, n'ayant
rien pris depuis la veille. La soif surtout me torturait. On me laissa jusqu'au lendemain dans ce trou si infect,
que lorsqu'on y entra pour me mettre les fers aux pieds et aux mains, les bourreaux reculerent et declarerent
qu'ils ne pouvaient pas me ferrer, faute de pouvoir respirer librement. On me poussa alors dans un passage
assez sombre, mais aere; en un quart d'heure mes chaines furent solidement rivees. [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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